La pluie a cesse, depuis le milieu de la nuit, mais il n'empeche que le sol gorger d'eau, de dechets, de morceaux d'acier de bois en tout genre, ainsi que des corps en putrefactions, n'arrive plus a drainer le surplus qui laisse au milieu du passage une mare d'eau croupie ou seul les rats s'aventure pour une toilette ou ils ressortent plus sales qu'avant. Cela fait trois jours qu'ils attendent le genie qui doit tenter de purger le fond de la tranchee, ou alors leur faire des pillotis pour se deplacer au sec. Mais le lieutenant se demande si l'ordonnance est arrivee aux lignes arrieres, le bombardement du debut de semaine a fortement endommage les boyaux de communication, et les lignes telephoniques sont toujours H.S.!! Seul un homme est a la vigie, les autres sont terres dans des trous creuses a meme les parrois de la tranche, les abris souterrains etant innondes et infestes de rats. De temps en temps, le lieutenant envoit une partouille pour verifier que le 125eme est bien a cote d'eux et en plus cela evite aux hommes de trop s'endormir et de devenir fous. Toutes les nuits les lignes adverses envoient par intermittence des fusees eclairantes pour empecher la tranche de dormir, ce a quoi les hommes repondent par un tir de mitrailleuse, voir un lancer de grenade, tout de suite reprime par le lieutenant, ils sont coupes de l'arriere, ils ne peuvent se permettre de gaspiller leurs munitions. Les invectives du lieutenant sont suivies par des rires provenant de la tranchee d'en face, qui se trouve a moins de vingt metres.
Il y a 6 jour, la premiere classe Farole, a eu un coup de folie, les bombardements l'ont effraye ajouter a cela un manque de sommeil, la faim et la soif, tout d'un coup il est sorti de son trou c'est leve, il a depose son arme et son casque, il s'est dirige dans l'indifference generale vers l'echelle, l'a gravie puis a marche en direction des barbeles, a l'approche de ceux-ci la sentinelle adverse l'ayant apercu lui envoya deux bastos dans les genoux, le pauvre s'effondra dans les barbeles en hurlant. Ses camarades tenterent bien d'aller le chercher mais a chaque fois ils etaient acceuillis par des tirs de mitrailleuse. Il mis trois jours avant de mourir, pendant ce temps il n'a pas cesse de gueuler. Ils essayerent bien de lui envoyer de la nourriture, et de le soutenir moralement en lui criant de messages de soutient, mais tout cela etait derisoire, le lieutenant ne voulu pas risquer la vie de deux hommes pour aller le chercher.
Tout d'un coup un bruit, dans un meme mouvement tous les hommes prirent leur arme, de la boue, des cailloux tombent dans l'eau au milieu de la tranchee un individu venant de l'arriere tombe egalement avec un "Et merde" venant du coeur, quand il se releve il est entoure de canons et de baillonnettes!!
"Ca va les gars, je suis l'ordonnance du colonel ou est votre lieutenant, j'ai un message pour lui", sans dire un mot la compagnie designe l'abrit du lieutenant. "Voici les nouvelles mon lieutenant, vous allez etre en permission vous et vos hommes mais avant cela, vous devez tenter de prendre la premiere ligne en face, vous disposerez d'un soutient d'artillerie pour vous preparer le terrain. Vous devriez appeller le genie pour l'etat de votre tranchee au revoir lieutenant!"
Le lendemain a 6H15 tous les hommes sont prets, le lieutenant ne leur a pas dit qu'apres ils seraient en perm', la derniere fois les trois quarts sont restes dans la tranche, alors la il prefere jouer sur l'usure des hommes leur volonte de venger Farole, et aussi la haine des superieurs au chaud dans leur QG a 50 km du front.
6H20, le tir d'artillerie commence, on entend les marmittes arriver avec leur sifflement particulier, une premiere explose produisant un formidable jet de terre, de feu, de fer, et de chair humaine, puis le deluge s'abbat, provocant la mort a chaque explosion dans des hurlements de peur, d'agonisants!!
6H30 le deluge cesse, l'attaque doit etre lance.
Quand en milieu d'apres-midi la releve arrive, la tranchee n'existe plus, seule depasse de la terre la main du lieutenant tenant son pistolet pret pour l'assaut. La releve decide de se reporter sur une tranchee arriere.
Le tir etait trop court.